Le Ruban Blanc!!

Publié le par Ciemonde


Un film de Michael Haneke.
Date de sortie : 21 octobre 2009
Avec :
Christian Friedel, Ernst Jacobi, Leonie Benesch, etc...
Durée : 02h24min

Un village protestant de l'Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale (1913/1914). L'histoire d'enfants et d'adolescents d'une chorale dirigée par l'instituteur du village et celle de leurs familles : le baron, le régisseur du domaine, le pasteur, le médecin, la sage-femme, les paysans... D'étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d'un rituel punitif. Qui se cache derrière tout cela ?

Critique:
C'est avec Le Ruban Blanc, Palme d'or du festival de Cannes 2009, que j'ai put faire un bon de plus dans ce monde dense et intense qu'est le cinéma. Je suis bien loin de dire que je m'attendais à pareil choc.
Si on pouvais attribuer le prix du malaise et de la tension permanente à un film, celui ci le remporterait haut la main.
Rarement un film n'avait laissé autant de traces dans ma mémoire, et ce, pour un certain temps. L'ambiance est si pesante, si lourde, qu'il nous est facile de plonger corps et âme dans cette intrigue à la fois véridique et douteuse. La terreur, est bel et bien présente mais reste toujours en quelque sorte, cachée, voilée.
Ici, la violence règne. Elle est présente sous toutes ses formes, morale, visuelle, intérieure....Réussissant à s'infiltrer dans chaque parcelle de pensée, à chaque coin de rue, de ce village devenu sombre et détraqué. Présence de violences sexuelles familiales, d'enfants voulant en torturer d'autres ou se suicider... Tout cela est maquillé, mais trop peut pour tout nous cacher. Subtile.
C'est également pour cette raison, que l'étrange mais passionnée histoire d'amour, entre deux jeunes gens issus de cet univers, arrive à nous émouvoir et nous faire apprécier la maladresse d'une relation arrivée là comme un cheveu sur la soupe.
Ce film dénonce donc, quelques sévices infligés à des enfants, des femmes, des travailleurs, par une société d'adultes à la fois médiocres, notables et sadiques.
Le tout est rendu avec une telle droiture, une telle délicatesse et une telle justesse que c'en est déroutant. Le contraste entre des personnages à la fois innocents et coupables entraine une certaine confusion, qui amène réflexion et stupéfaction.
Haneke n'inflige aucun point de vue, il laisse au spectateur son interprétation propre et son indépendance de réflexion.
C'est probablement une bonne chose autant qu'une mauvaise, car cela laisse une telle trace au fond de mémoires et d'âmes, qu'elle en devient indélébile, même le temps ne peut plus l'effacer.
C'est une preuve de la grandeur et de l'ingéniosité du réalisateur, d'avoir su maitriser, à tel point son film, que même si nous pensons qu'il nous a laissé matière à réfléchir, c'est lui qui a amené les réflexions qui nous traverserons l'esprit, frappant.
En plus de tout cela, la mise en scène est implacable, la photographie en noir et blanc d'une splendeur sans égale, et les acteurs, principalement chez les enfants, sont d'une vérité et d'une force impressionnante!
Loin de laisser indemne, le film transporte, marque, émeu, et enrage.
Il faut un grand talent et une certaine intelligence pour réaliser un tel film, mais également pour le comprendre et se former une vision propre.
Extraordinairement juste, froid, presque glacial...

Ma note: ****1/2




Publié dans Critiques

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